L’arrivée de Peter Sagan chez TotalEnergies, celle de Bryan Coquard chez Cofidis… autant de transferts qui ont marqué la fin de saison. Contrairement à d’autres sports comme le football, ces changements d’équipes ne génèrent cependant aucune indemnité entre les équipes. En cyclisme, les coureurs respectent leur contrat jusqu’à son terme avant de pouvoir s’engager ailleurs, un processus que les agents, de plus en plus nombreux, facilitent.
« Je n’aime pas le mot ‘mercato’ », confie Philippe Raimbaud, agent de coureurs.
« Cela évoque une marchandisation, comme si on parlait de bétail. En cyclisme, on honore d’abord son contrat. » Que ce soit pour des stars comme Christopher Froome ou Peter Sagan, le principe reste le même : les transferts ne sont pas monétisés. Les coureurs sont libres de négocier une fois leur contrat terminé.
Les agents jouent ici un rôle clé. Ils s’occupent des négociations avec les équipes pour permettre aux athlètes de se concentrer sur leur performance sportive.
« Quand j’ai débuté en tant qu’agent en 2002, il y en avait peu », explique Christophe Le Mevel, ancien cycliste. « Aujourd’hui, environ 75 % des coureurs en ont un. »:Le recours aux agents est devenu courant, même chez les jeunes amateurs, qui souhaitent éviter des erreurs contractuelles dans un environnement qu’ils découvrent à peine.
Un mercato sous l’influence des agents
Le mercato officiel n’ouvre qu’au 1er août, selon le règlement de l’UCI. Cependant, cette date symbolique ne reflète pas la réalité des négociations. « Les discussions commencent bien avant », reconnaît Philippe Raimbaud. « Les équipes s’informent sur les coureurs, leurs ambitions et leur disponibilité. » Une pratique qui dérange certains managers, comme Jean-René Bernaudeau de TotalEnergies. « Certains agents approchent mes coureurs un an avant la fin de leur contrat. C’est très perturbant. »
Malgré ses réticences envers les agents, Bernaudeau a dû négocier avec celui de Peter Sagan, l’un des plus gros transferts de cette saison. «Les agents facilitent le processus administratif », admet-il. « Mais ce sont avant tout les relations humaines qui comptent. »
Un rôle au-delà des contrats
Le travail des agents ne se limite pas à négocier les salaires. Ils accompagnent aussi les coureurs dans leur gestion administrative, particulièrement lorsqu’ils évoluent en tant qu’indépendants. « Un agent doit être un conseiller de confiance », précise Christophe Le Mevel. « Nous nous assurons que les coureurs connaissent leurs droits et obligations, leur permettant de se concentrer sur leur carrière sportive. »
L’implication des agents est également essentielle dans le choix des équipes, garantissant parfois la participation de leurs coureurs aux grandes courses internationales. C’est le cas de Bryan Coquard, qui a rejoint Cofidis en partie pour obtenir des garanties sur sa présence régulière sur les plus grands événements du calendrier cycliste.
Un modèle différent du football
Le cyclisme, malgré l’influence croissante des agents, reste loin des pratiques du football. Là où les agents de footballeurs perçoivent des commissions sur les montants de transfert, ceux du cyclisme sont rémunérés sur un pourcentage du salaire de leurs coureurs. Une différence fondamentale que les acteurs de ce sport veulent préserver.
« Je refuse que le cyclisme adopte le modèle du football, où les joueurs sont considérés comme des actifs d’une entreprise », s’indigne Jean-René Bernaudeau. « Le trading des coureurs est inconcevable. »
Alors que les derniers transferts se finalisent, les équipes peaufinent leurs effectifs pour la saison à venir. Les coureurs sans contrat continuent de négocier avec diverses formations, prêts à relever de nouveaux défis.
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