Football et Politique : Une Longue Histoire
Le 10 février 2024, dans son discours annuel à la jeunesse, le président Paul Biya s’écarte de l’habituelle célébration des Lions Indomptables pour exprimer sa déception suite à l’élimination de l’équipe nationale en huitièmes de finale de la CAN 2024 en Côte d’Ivoire.
« L’État, malgré les difficultés, consent de lourds sacrifices financiers pour le football. Il est en droit d’exiger une meilleure organisation et de meilleurs résultats », a-t-il affirmé, tout en donnant des instructions au gouvernement pour améliorer la situation.
Cette déclaration souligne à quel point le football est une affaire sérieuse pour les autorités camerounaises, qui n’hésitent pas à investir massivement dans les infrastructures sportives, comme l’a montré l’organisation de la CAN 2021. Un haut fonctionnaire de l’État a confié que les dépenses pour les Lions Indomptables sont si importantes qu’elles ne sont même pas incluses dans le budget du ministère des Sports.
Le Président de la République : “Premier Sportif Camerounais”
Sous la présidence de Paul Biya, le football camerounais a connu des succès remarquables, dont une qualification historique en quart de finale de la Coupe du Monde 1990. Le rôle important du président dans l’inclusion de Roger Milla dans l’équipe de cette époque est encore célébré. En 1984, après la première victoire de la CAN en Côte d’Ivoire, Biya a déclaré que cette victoire était celle du Renouveau national, un projet qu’il a lancé dès son accession au pouvoir.
Les victoires des Lions Indomptables ont souvent été utilisées par le président comme symbole d’unité nationale. Par exemple, après le triomphe de la CAN 2017, Biya a souligné que cette victoire prouvait l’unité et la solidarité des Camerounais, en lien avec la crise sécuritaire dans les régions anglophones.
Le Football : Un Élément de l’Identité Camerounaise
Selon le politologue Emmanuel Wonyu, le football est l’un des rares éléments fédérateurs au Cameroun.
« C’est un facteur d’intégration et d’unité nationale », affirme-t-il. Claude Abe, sociologue à l’Université Catholique d’Afrique Centrale, note que tant Ahidjo que Biya ont utilisé le football comme outil politique, soit pour exploiter la ferveur populaire, soit pour s’approprier les victoires sportives.
Eto’o et l’Avenir Politique ?
Alors que l’élection présidentielle de 2025 approche, Samuel Eto’o, président populaire de la Fécafoot, est soupçonné d’avoir des ambitions politiques. Bien qu’il nie toute intention de se lancer en politique, sa proximité avec des figures du régime et son soutien affiché à Biya alimentent les spéculations. Les prochaines années diront si ces soupçons se concrétiseront.
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